Rencontre avec Lindsay Dorcelus, chef du service néonatologie de l’hôpital Saint Damien

Le Dr. Dorcelus a commencé à travailler à l’hôpital pédiatrique Saint Damien en 2011. Responsable du service néonatologie depuis près de 2 ans, elle suit actuellement une formation complémentaire à l’hôpital Armand-Trousseau.

Début juillet, nous avons eu le plaisir de la recevoir au siège de l’association. Nous avons pu échanger longuement sur Saint Damien et le contexte sanitaire en Haïti.

En Haïti, naitre est une épreuve. L’hôpital public manque de tout (incubateurs, équipements, personnel formé…). Dans ce contexte, les prématurés sont les plus fragiles et le taux de naissances prématurées est très élevé (60 et 70% des naissances). La pauvreté, l’hygiène, le non-suivi des grossesses et le risque infectieux, le stress lié à l’instabilité du pays… sont autant de facteurs contribuant à expliquer cette situation.

Le service néonatologie de Saint Damien, seul hôpital pédiatrique du pays, est indispensable pour garantir, dans la mesure du possible, la bonne santé de ces nouveau-nés particulièrement fragiles.

Il accueille en priorité les enfants de la maternité de l’hôpital, les enfants les plus démunis et les cas les plus critiques. 

Malgré une augmentation de sa capacité ces dernières années, il ne contient que 38 lits, un nombre bien insuffisant pour prendre en charge tous les enfants dans le besoin. De plus, depuis la fermeture d’infrastructures de Médecins Sans Frontières en 2019, les demandes ont augmenté.

Le service est constitué de 3 salles : la salle Papillon, la salle Perroquet et la salle Kangourou. La particularité de cette dernière est qu’elle implique les mères dans la prise en charge des bébés en pratiquant le « peau à peau », également appelé méthode kangourou. Cette technique a permis de réduire le taux de mortalité infantile de l’hôpital. Véritable incubateur naturel, elle permet de réduire le temps passé en couveuse, dont la quantité à l’hôpital est très faible (seulement 10), et donc de sauver plus d’enfants.

Par ailleurs, cette technique a permis de réduire le nombre d’abandons par des parents qui pensent souvent que leur enfant, trop petit, ne pourra pas être sauvé. 

Aussi, afin de réduire le nombre d’abandons, l’hôpital a également développer des actions de prévention, envoyant des agents de terrain au contact des communautés pour les sensibiliser aux questions de santé et de contraception.

Grâce à sa formation à Trousseau, le Dr. Dorcelus repartira en Haïti avec l’objectif de sauver un nombre plus important de grands prématurés (dont le poids est compris entre 1 000 et 1 500g).

Elle observe aussi un rapport de tendresse et d’amour entre les parents et leur enfant dès sa naissance. C’est une chose qu’elle aimerait voir davantage en Haïti où souvent, la situation de pauvreté extrême des familles ne le permet pas. 

Si une participation financière symbolique a été mise en place, de nombreuses familles n’ont pas la capacité de payer les soins. Saint Damien étant donc gratuit pour les familles les plus démunies, l’aide extérieure est nécessaire à son bon fonctionnement.

A Saint Damien, le personnel fait de son mieux selon les moyens disponibles. Les équipes soignantes font face quotidiennement à un manque de matériel et les médicaments, souvent en rupture de stock pour certains, peuvent être très chers. Pour le Dr. Dorcelus, entre le désespoir des parents et parfois le découragement des équipes, chaque jour est un combat, qui force l’admiration.

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